La ville de Blida était toujours réputée être une ville de résistance. Cette réputation ne date pas de la guerre de l’indépendance, mais bien avant. Elle trouve son origine depuis la conquête française de 1830. En effet, l’histoire nous révèle que la première résistance populaire contre l’armée coloniale était localisée à Blida et ce dix-huit jours après l’entrée des Français à Alger, c’est-à-dire le 23 juillet 1830.
Cette résistance était menée par les tribus des Béni-Salah et des Béni-Misra, contre une infanterie française composée de 1500 hommes et d’un escadron de Chasseurs, qui se sont déplacés d’Alger vers Blida. Cette bataille s’est soldée par d’énormes pertes causées dans le camp des colons. Selon les récits du colonel Trumelet, plus de 150 hommes ont été tués lors de cette bataille.
Devant cette résistance acharnée de la part des guerriers de béni Salah, les colons français n’avaient de solution que de se replier sur Alger, laissant place aux citadins de Blida de fêter la victoire de la première résistance en Algérie. Cette victoire a coûté la destitution de maréchal Bourmont lequel a été remplacé par le général Clauzel.
Ce dernier, de peur que l’écho de victoire se propage à travers les villes d’Algérie, organisa une deuxième expédition, constituée d’un effectif de 7,000 combattants. Il quitta Alger le 17 novembre 1830, pour se trouver, le lendemain 18, en face de 1800 guerriers, tous de béni-Misra et béni-Salah, qui ont pris position à Blad-el-Djedida dans l’intention évidente de défendre l’entrée de Blida.
Seulement, devant la supériorité disproportionnée des rapports de force, la ville de Blida a été prise d’assaut par l’armée française et ce malgré une résistance farouche de la part des guerriers de la région. Un repli vers les monts de Chréa et Sidi El kéfir a été effectué par les guerriers afin de mieux réorganiser et préparer un retour vers la ville.
Ainsi le 26 novembre un regroupement, de 7000 hommes, de toutes les tribus avoisinantes, sous le commandement d’El-Hadj-Mohammed-ben-Zamoum, a été mis en place pour reconquérir la ville. L’assaut a été donné vers quatre heures du matin par les hommes de Ben-Zamoum, avec l’aide des habitants de la ville qui avaient participé à perforer la muraille de la ville, à l’aide d’outils, pour faciliter l’entrée des guerriers.
Les soldats français, terrifiés par le courage et la bravoure des résistants, commencèrent à perdre du terrain et n’avaient de solution que de se retirer en ordre, et par groupes, dans la direction de la grande Mosquée de BABA MOHAMED, où ils avaient trouvé refuge.
Acculés dans cet endroit, les résistants allaient donner une leçon inoubliable si ce n’était la complicité d’un citadin qui avait commencé à diffuser une fausse information, du haut du minaret, comme quoi une forte armée de chrétiens arrive au secours des soldats français. Cette information a provoqué une panique dans les rangs de nos guerriers qui ne savaient plus s’ils devaient continuer leur attaque ou assurer leurs arrières. Cette situation de panique a causé la mort de plusieurs résistants sur le champ de bataille, juste à l’entrée de BAB EZZAIR. L’histoire ne nous informe pas si El-Haj Ben-Zemmoum était parmi eux, mais nous pouvons dire que quelque soit l’information, ces chouhadas sont les premiers martyrs de la résistance populaire algérienne, tombés dans le champ d’honneur de la ville Blida.
Si j’ai relaté cette histoire, c’est pour lancer un appel aux autorités de Blida (le Wali, le Maire, le chef de Daïra) à bâtir une stèle commémorative à l’entrée de BAB EDZZAIR, en l’honneur de ces chouhadas, de la première heure de colonisation, qui se sont donnés corps et âmes pour défendre notre ville.
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